Renaître à travers le Deuil

Je vous partage mon chemin vers l’acceptation du deuil de ma maman.

Je me souviens de cette nuit comme si c’était hier. Cette nuit où mon cœur a explosé en mille morceaux à l’instant où j’ai appris la nouvelle.

Mon esprit refusait de comprendre. C’était comme si le temps s’était figé, comme si tout ce que je connaissais, tout ce que j’étais, s’effondrait. Pendant des jours, j’ai espéré que ce n’était qu’un mauvais rêve. J’attendais ce moment où je me réveillerais et où tout redeviendrait comme avant. Je me suis accroché désespérément à l’idée que ma maman reviendrait, qu’une erreur avait été faite.

Mais au fond de moi, je le savais. Cette réalité, froide, brutale, implacable, était là. Elle m’enveloppait, m’étouffait, mais je la repoussais encore, parce que l’accepter aurait signifié renoncer à l’espoir.

Alors je me suis réfugié dans le déni. C’était comme un cocon, un voile protecteur qui m’éloignait de l’abîme. Un répit temporaire face à l’onde de choc. Mais on ne peut jamais échapper à la vérité. Elle finit toujours par nous rattraper, implacable. Et elle m’a rattrapé, me laissant face à une douleur que je ne savais pas comment gérer.

Puis, est venue la colère. Une colère intense, sauvage, qui brûlait tout sur son passage. Comme une tempête qui déchire tout autour d’elle. Je hurlais, je pleurais, je frappais le vide avec une rage qui ne trouvait pas de cible.

« Pourquoi elle ? Pourquoi ma maman ? Pourquoi maintenant ? »

Ces questions tournaient en boucle dans ma tête. Rien n’avait de sens. Le monde semblait injuste, cruel, sans pitié. La colère était tout ce qu’il me restait, le seul moyen d’exprimer cette souffrance si immense qu’elle me consumait de l’intérieur.

Puis, dans ma douleur, j’ai essayé de négocier avec l’univers. Si seulement j’avais fait ceci, si seulement j’avais dit cela… Peut-être que ma maman serait encore là. Je m’accrochais à ces illusions comme à une bouée dans un océan de chagrin. Je refaisais chaque instant, chaque décision, cherchant désespérément une version du passé où elle serait toujours à mes côtés.

Mais le passé est immuable, et aucun ‘si seulement’ ne pouvait me ramener ce que j’avais perdu. Cette tentative de réécrire l’histoire, aussi réconfortante soit-elle, n’était qu’un mirage. Et plus j’essayais de négocier avec le destin, plus je m’enfonçais dans une réalité que je ne pouvais changer.

C’est alors que la dépression est arrivée, sournoise, écrasante, m’enveloppant dans une obscurité presque palpable. Je me suis retrouvée au fond d’un puits, seule avec mon désespoir. Chaque jour était une bataille. Une bataille pour simplement exister. La douleur, la solitude, la fatigue émotionnelle… Tout semblait vide, sans sens, sans espoir.

Les choses qui autrefois me faisaient sourire semblaient lointaines, comme si elles appartenaient à une autre vie, celle d’une personne que je ne reconnaissais plus. Même parler aux autres devenait insurmontable. Chaque interaction, chaque conversation semblait être un poids de plus à porter.

Mais au cœur de cette nuit interminable, quelque chose a commencé à changer. C’était minuscule au début. Une lueur, à peine perceptible. Une force fragile, presque imperceptible.

Un souffle d’espoir

Avec le temps, cette petite lumière a grandi. Et peu à peu, j’ai commencé à accepter l’idée que ma maman ne reviendrait pas. C’était une acceptation douloureuse, mais nécessaire. Je ne pouvais plus lutter contre cette réalité. Je devais l’embrasser pour trouver la paix.

L’acceptation n’a pas effacé la douleur. Elle ne l’a pas rendue plus facile. Mais elle m’a permis de respirer à nouveau, d’apprendre à vivre avec cette absence, à marcher aux côtés de ce chagrin sans me laisser consumer.

Et c’est là, dans cette acceptation, que j’ai trouvé la force de me reconstruire. De créer une nouvelle vie, une vie où ma maman continue de vivre à travers mes souvenirs, mes actions, mon cœur.

Chaque jour, c’est dans la mémoire de ma maman que je trouve le courage de continuer. Parce qu’elle est là, toujours, dans chaque sourire, dans chaque décision, dans chaque pas que je fais. Elle est mon étoile dans l’obscurité, celle qui me guide, même dans les moments les plus sombres.

Et c’est avec elle dans mon cœur que je continue d’avancer.

Avec Amour et Gratitude.

Karine Guillamet